Mon autre Tchad si pauvre et si triste en proie au pillage

17 janvier 2014

Mon autre Tchad si pauvre et si triste en proie au pillage

                                                                                                    

Un homme qui loge dans une telle maison a-t-il besoin d'un marché moderne. (ph. BEG)
Un homme qui loge dans une telle maison a-t-il besoin d’un marché moderne. (ph. BEG)

 Depuis plus de cinq ans, les autorités du Tchad prennent un malin plaisir à parler de l’émergence du Tchad. Un rêve tentant, une initiative à encourager. Mais ce que l’on constate est désolant. On dirait que le Tchad se résume à la ville de N’Djaména. Car, en dehors de la capitale, il y a un autre Tchad Dans cet autre Tchad, le développement se limite à quelques constructions  d’infrastructures qui ne répondent pas aux besoins des populations.

N’Djaména deviendra la vitrine de l’Afrique Centrale, entend-on dire depuis plus de 5 ans. Le Tchad sera un pays émergeant à l’horizon 2025. Que c’est beau d’entendre tous ces discours politiques. Mais cette émergence semble se limiter à N’Djaména.

Les autorités tchadiennes parlent plus qu’elles ne pensent. Je ne sais toujours pas sur quoi l’on se base pour dire que le Tchad sera un pays émergeant dans 11 ans. J’aime beaucoup le Tchad. Et j’espère qu’il fera bon vivre dans ce pays un jour. Cependant, il n’y a rien qui puisse nourrir l’espoir d’un pays émergeant à l’horizon 2025.

La précarité des logements, le manque d’eau potable, le difficile accès aux soins de santé primaire ainsi que l’insuffisance des  ressources humaines dans tous les secteurs ne présagent pas des lendemains meilleurs d’ici là. Les infrastructures sont construites sans études préalable. Les cas flagrants sont ceux des marchés modernes qui se construisent dans des villes ou il y a d’autres priorités. Prenez la ville de Ati ou les populations souhaiteraient plus avoir des forages d’eau, l’on va y construire un marché moderne qui reste jusqu’ici boycotté par les populations. Même scène Mongo ou la population se sent escroqué. «  Le marché construit n’a rien à voir avec ce qui a été prévu. En plus de cela, on nous demande de lui le magazine à 30.000 frs CFA. Non seulement ils ont détourné l’argent mais en plus de cela, ils veulent nous ruiner. Nous préférons vendre nos marchandises sous nos hangars », affirme Mahamat, tenancier d’une boutique au marché de Mongo. pour la plupart de ces habitants, l’Etat ne se soucient pas du tout de leur bien-être. il se disent des oubliés du développement dont on parle.

A Ati dans le Batha, les populations, à majorité éleveur sont confrontés à un réel problème d’eau.  Les nombreux conflits sont nés autour des vieux puits. « Au lieu de nous  faire des forages d’eau  pour la consommation des populations et des puits pour abreuver les animaux, l’on construit un marché moderne. Nous n’en avons pas besoin », dit Younous, très remonté. De l’avis de cet homme, l’Etat n’assume pas du tout ses responsabilités. « Même les étrangers qui viennent travailler dans notre localité font mieux », lance-t-il d’un air moqueur.

Développer c’est bien. Mais c’est encore mieux de développer à la base. Les populations ont des besoins et il faut tenir compte des priorités pour permettre un décollage économique. L’on ne peut pas offrir un magasin de luxe à quelqu’un qui n’a qu’un Seko comme maison et toiture. Cet homme n’arrive même pas à boire de l’eau potable ni à se soigner convenablement lorsqu’il est malade. Il peine parfois à se nourrir et à nourrir ses propres enfants. Un homme d’une situation pareil a-t-il besoin d’un marché moderne ?

 

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