Rose Roassim

Tchad : la Semaine de la femme ne doit pas embrouiller les femmes

Photograph by Mark Knobil.
Photograph by Mark Knobil.

La Semaine nationale de la femme tchadienne, organisée chaque année en prélude à la Journée internationale de femme est mal utilisée par les femme. Une semaine  qui devrait permettre aux femmes de discuter de leurs problèmes est malheureusement, transformée par beaucoup de femmes en une semaine de palabres et de conflits dans leur vie et leur couple.

« Depuis 2 jours, ma femme ne m’adresse plus la parole parce que je ne lui ai pas encore acheté le pagne du 8 mars », lance mon collègue. Un autre ajoute : « La mienne exige en plus du pagne de faire tout ce qu’elle veut au cours de cette semaine. Quel kilo ! », s’est-il exclamé. Des exemples qui se multiplient dans les ménages ces jours-ci.

Ma parole, que se passe-t-il avec les femmes tchadiennes ? Comprennent-elles au moins le sens de la journée internationale de la femme ?

Tenez, dans mon quartier, les femmes sont au four et au moulin pour que le 8 mars soit inoubliable. Elles se tressent (un budget de 10 000 frs à 15 000 frs, équivalent au repas de 5 jours dans leurs foyers, cousent les pagnes 8 mars de toutes les couleurs (une étoffe coûte 15 000 frs et la couture, 3 000 à 7 000 frs). Elles inventent les dépenses pour escroquer maris et copains afin avoir plus d’argent à dépenser dans les « paris- vente » programmés tous azimuts le 8 mars. Il y a des femmes qui réduisent le montant de la ration journalière dans l’intention de pouvoir acheter plus de la bière ce jour-là. C’est tout simplement idiot ce qui se passe depuis quelques jours, surtout à Ndjamena dans la capitale du Tchad. Les femmes haussent le ton au foyer pour signifier que c’est leur semaine et ce sont elles qui décident ! Elles font ce qu’elles veulent au non du 8 mars.

Mon Dieu ! que font les femmes tchadiennes des moments qui doivent leur permettre de réfléchir à leur vie, une semaine qui leur donne l’occasion de revoir la façon dont elles doivent s’affirmer dans la gestion de leur pays et de leur nation. Une femme, c’est la douceur, la sagesse, la patience, le discernement. Mais que sont devenues les femmes modernes ? Calculatrices attachées au bien matériel, égoïstes, et j’en passe.

J’ai honte quand une femme, au lieu de planifier cette semaine à aller dans les lieux de conférence débats et autres rencontres d’échange d’idée, celle-ci compte plutôt le nombre des billets d’invitation à aller se saouler la gueule au nom de sa liberté. Au lieu de poser des réflexion mûres, beaucoup de femmes pensent au fait que leur mari doit leur donner tout l’argent qu’elles veulent pour aller boire et danser au point d’oublier qu’elles sont des mères et ont des responsabilités.

Emancipation n’est pas libertinage

Désolée de le dire ainsi, mais mes sœurs instruites ne me donnent pas l’impression d’avoir compris ce mot. « Je suis émancipée, je fais ce que je veux », disent-elles. Elles dénaturent plus le sens du combat de la femme que celles qui ne sont pas allées à l’école. Beaucoup de femmes instruites pensent qu’elles ne doivent plus respecter leur mari. Pourtant, un couple, c’est la complémentarité et le respect mutuel. Si tu veux qu’on te respecte, commence par respecter les autres et respecte-toi aussi. Si tu veux gagner, engage le bon combat. Je me demande bien comment une femme qui veut faire ce qu’elle veut  pourrait exiger que les hommes la respectent et lui donnent une place de choix ! Le respect se mérite, l’honneur aussi. Si les femmes ne se donnent pas de la valeur, si elles ne prennent pas au sérieux ce qu’elles font, les hommes ne leur accorderont pas le respect qu’elles méritent. C’est clair. Il faut se battre pour avoir le mérite que l’on veut.

Si au lieu de revendiquer le droit de travailler pour contribuer aux charges du ménage une femme revendique le pagne du 8 mars, comment son mari la prendra-t-il au sérieux ? Il pensera qu’il suffit de donner de l’argent à cette femme et faire d’elle son esclave !

Si Angela Merkel est aujourd’hui respectée, c’est parce qu’elle s’est battue pour cela. Si Hillary Clinton est aujourd’hui connue, c’est parce qu’elle se bat pour cela. Si les gens parlent de l’historique avocate des victimes de l’ex-président tchadien Habré, c’est parce que cette dame Jacqueline Moudeina se bat chaque jour pour prouver qu’elle peut marquer l’histoire de son pays.

Etre femme émancipée, ce n’est pas un libertinage, sortir comme on veut, avec qui on veut, se marier autant qu’on veut… être une femme émancipée, c’est plus qu’un état d’esprit, c’est être une femme d’action au service de sa nation, de sa communauté.

Que les femmes tchadiennes comprennent que rien ne s’obtient facilement, elles ne doivent pas dénaturer le combat que les autres ont mené avec tant de sacrifices.


Pétrole auTchad : le revers du rêve ou de la réalité

Dr remadjiPétrole et changement social au sud du Tchad, c’est le titre d’une publication de Dr Rémadji Hoinathy. Dans cet ouvrage, l’auteur fait ressortir l’impact de l’exploitation de l’or noir sur les populations de la région productrice en particulier et celles du Tchad en particulier. Retour sur certains passages

 Les promesses de bien-être fondées sur le pétrole datent de la période post indépendance déjà. Pour le président Tombalbaye (en 1973, lors de l’inauguration d’un des premiers forages du bassin de Doba) « (…) la clé du problème que pose le développement sera trouvée (…). L’on comprend pourquoi l’opération d’aujourd’hui fait tressaillir de joie les uns et les autres, et engendre des espérances à l’échelle nationale». Le président Idriss Déby reprit un discours semblable à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de l’oléoduc Tchad-Cameroun, le 10 octobre 2003 quand il déclara que « le développement de l’industrie du pétrole brut bénéficiera à l’ensemble de la nation tchadienne ». Très rapidement, les populations tchadiennes ont cru à ce rêve. « Si le pétrole est exploité, ça va nous aider, nous allons bien vivre, nous allons avoir de l’eau potable, ils vont faire de bonnes routes pour que nous marchions dessus, même de bonnes maisons ont été promises», s’exprimèrent ainsi, les plus optimistes des populations du Tchad et plus particulièrement celles de la zone productrice de l’or noir.

 Après une décennie, les paysans se rendent compte que les promesses n’ont pas duré, les compensations ont été toutes « bouffées », les emplois salariés sont désormais rares et précaires, la plupart des investissements sont amortis ou hors d’usage, les écoles, les routes, les hôpitaux, et autres infrastructures promises ne sont pas ou insuffisamment réalisées. Leur déception se déclame en fin de compte en des discours très pessimistes sur le pétrole, les compagnies pétrolières et l’Etat pétrolier tchadien.

Les attentes créées chez les populations aussi bien de la zone pétrole que de l’ensemble du pays n’ont pas été comblées. La plupart des acteurs, notamment la société civile a beaucoup focalisé sur le contenu du projet et ses modalités de mise en oeuvre, mais n’a pas pu anticiper comme il se doit l’ampleur de ces changements. D’où un déficit dans la préparation des populations à un positionnement plus pragmatique face à la destruction de leur milieu de vie, leurs moyens de subsistance et leur tissu social. Le discours semble dresser un tableau assez peu reluisant de la réalité sur le terrain. Sur la base d’une observation participante de la situation sur le terrain, l’on ne peut aboutir qu’à un tableau peu glorieux du projet pétrole tchadien pourtant voulu comme un modèle de développement qui à l’heure qu’il est devrait avoir mis le Tchad sur la voie du développement. Dans les grands centres urbains comme Ndjamena, Moundou et Doba, etc. certaines nouvelles infrastructures peuvent être mises sur le compte du développement pétrolier. Dans ces zones rurales du Logone oriental cependant, ces infrastructures sont peu visibles, des fois inexistantes. La question dans ces zones est celle de la survie quotidienne qui elle dépend des activités agricoles.

Dans la société tchadienne, la terre était un bien collectif, le plus souvent lignager. En effet en tant que portion de l’espace à exploiter pour subvenir aux besoins des hommes, la terre est repartie entre les communautés économiques de base que sont les lignages. Ceux-ci sont détenteurs des droits sur les terres qui leur sont affectées, suivant le principe du « premier occupant ».

Pour l’exploitation du pétrole, la quasi-totalité des campagnes du Logone Oriental dont Béro, a été traversée par des installations diverses. Ce sont notamment des infrastructures de production (centre de traitement final (CTF) de Komé 5, les centres secondaires de pompages, centrale et réseau électrique…), des infrastructures de logement et bureaux (camps et base vie de Komé 5 et Komé Base), infrastructures de transport (pipeline principal -1070 km- et secondaires, routes et pistes d’atterrissage).

Aujourd’hui nous pouvons le constater, les entreprises, l’administration et les responsables politiques ainsi que la Banque mondiale ont insuffisamment considéré les méfaits sociaux dans la planification et la mise en oeuvre du projet. Le projet pétrole a sérieusement impacté le système de production et les conditions de vie des populations riveraines. Une vie digne basée sur les activités agricoles est devenue presque impossible.

La contrainte de s’adapter aux interventions dans le système de la gestion foncière et les droits d‘usage a eu comme résultat la décomposition des relations sociales, les comportements changent. De nouveaux conflits émergent et la capacité de gérer ces conflits décroit avec la disparition des systèmes sociaux qui ont fait leurs preuves dans le passé. Les changements induits par le pétrole sont beaucoup plus profonds que les populations en zone de production – mais aussi la société civile internationale – ne pouvaient s’imaginer. Le rêve du développement économique, du renforcement de l’éducation et de la santé publique s’avère de plus en plus illusoire. Les multinationales et l’élite politique continuent à entretenir et construire ce rêve. Pour les populations en zone pétrolière par contre ce rêve a depuis fait place au désarroi le plus total ».

Qui est le docteur Remadji Hoinathy

Né le 23 octobre 1978  à Sarh au Tchad, Remadji Hoinathy a obtenu une maîtrise en socioanthropologie à l‘université catholique de Yaoundé (Cameroun) après ses études secondaires au Lycée- Collège Charles Lwanga de Sarh.

Coordonnateur exécutif du Centre de recherches en anthropologie et sciences humaines (CRASH) depuis 2008, le docteur Hoinathy devient doctorant àl’Institut Max Planck d’anthropologie sociale de Halle (Saale) en Allemagne. En 2012, il défend avec succès, sa thèse de doctorat sur le changement social en zone pétrolière au Tchad. Il conduit actuellement un programme de recherche postdoctorale de 3 ans sur les actions de la société civile nationale et internationale pour la bonne gouvernance des ressources extractives, avec le soutien de la Fondation Volkswagen (Allemagne).


Mon autre Tchad si pauvre et si triste en proie au pillage

                                                                                                    

Un homme qui loge dans une telle maison a-t-il besoin d'un marché moderne. (ph. BEG)
Un homme qui loge dans une telle maison a-t-il besoin d’un marché moderne. (ph. BEG)

 Depuis plus de cinq ans, les autorités du Tchad prennent un malin plaisir à parler de l’émergence du Tchad. Un rêve tentant, une initiative à encourager. Mais ce que l’on constate est désolant. On dirait que le Tchad se résume à la ville de N’Djaména. Car, en dehors de la capitale, il y a un autre Tchad Dans cet autre Tchad, le développement se limite à quelques constructions  d’infrastructures qui ne répondent pas aux besoins des populations.

N’Djaména deviendra la vitrine de l’Afrique Centrale, entend-on dire depuis plus de 5 ans. Le Tchad sera un pays émergeant à l’horizon 2025. Que c’est beau d’entendre tous ces discours politiques. Mais cette émergence semble se limiter à N’Djaména.

Les autorités tchadiennes parlent plus qu’elles ne pensent. Je ne sais toujours pas sur quoi l’on se base pour dire que le Tchad sera un pays émergeant dans 11 ans. J’aime beaucoup le Tchad. Et j’espère qu’il fera bon vivre dans ce pays un jour. Cependant, il n’y a rien qui puisse nourrir l’espoir d’un pays émergeant à l’horizon 2025.

La précarité des logements, le manque d’eau potable, le difficile accès aux soins de santé primaire ainsi que l’insuffisance des  ressources humaines dans tous les secteurs ne présagent pas des lendemains meilleurs d’ici là. Les infrastructures sont construites sans études préalable. Les cas flagrants sont ceux des marchés modernes qui se construisent dans des villes ou il y a d’autres priorités. Prenez la ville de Ati ou les populations souhaiteraient plus avoir des forages d’eau, l’on va y construire un marché moderne qui reste jusqu’ici boycotté par les populations. Même scène Mongo ou la population se sent escroqué. «  Le marché construit n’a rien à voir avec ce qui a été prévu. En plus de cela, on nous demande de lui le magazine à 30.000 frs CFA. Non seulement ils ont détourné l’argent mais en plus de cela, ils veulent nous ruiner. Nous préférons vendre nos marchandises sous nos hangars », affirme Mahamat, tenancier d’une boutique au marché de Mongo. pour la plupart de ces habitants, l’Etat ne se soucient pas du tout de leur bien-être. il se disent des oubliés du développement dont on parle.

A Ati dans le Batha, les populations, à majorité éleveur sont confrontés à un réel problème d’eau.  Les nombreux conflits sont nés autour des vieux puits. « Au lieu de nous  faire des forages d’eau  pour la consommation des populations et des puits pour abreuver les animaux, l’on construit un marché moderne. Nous n’en avons pas besoin », dit Younous, très remonté. De l’avis de cet homme, l’Etat n’assume pas du tout ses responsabilités. « Même les étrangers qui viennent travailler dans notre localité font mieux », lance-t-il d’un air moqueur.

Développer c’est bien. Mais c’est encore mieux de développer à la base. Les populations ont des besoins et il faut tenir compte des priorités pour permettre un décollage économique. L’on ne peut pas offrir un magasin de luxe à quelqu’un qui n’a qu’un Seko comme maison et toiture. Cet homme n’arrive même pas à boire de l’eau potable ni à se soigner convenablement lorsqu’il est malade. Il peine parfois à se nourrir et à nourrir ses propres enfants. Un homme d’une situation pareil a-t-il besoin d’un marché moderne ?

 


A toi, l’homme de ma vie

Aimer, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à une fille sans repère.

Une fille, vic1 imagetime du mal de l’air nouveau : le divorce. Aimer, c’est la bonne chose pour une personne qui ne savait pas que la vie peut-être meilleure quand on la partage avec quelqu’un. la vie peut être douce si l’on se sent aimé

J’ai rencontré au bord du fleuve Chari l’amour de ma vie.

Le fleuve Chari, rien qu’en en parlant, je ressens une douce paix me parcourir.

La douceur de cette eau qui coule paisiblement m’a apporté l’amour.

te souviens-tu de l’histoire du prince qui allait à la recherche de sa dulcinée sur un cheval blanc ?

Tu te souviens de nos escapades à la tombée de la nuit sur le sable au bord du fleuve.

Je te revois encore en train de mettre des bonbons dans mes boissons, tu disais que cela donnait un goût agréable, j’adorais cela.

Nous passions des journées entières à nous aimer et à rêver d’une vie de rêve, une maison, des enfants et surtout beaucoup de bonheur.

Je me rappelle notre complicité, notre amour, notre bonheur de se savoir simplement là l’un pour l’autre.

Je me rappelle tes sourires, tes clins d’œil complices.

Mon prince charmant au cheval blanc n’est pas un mythe, l’homme de ma vie, je l’ai trouvé.

L’homme de ma vie, je l’aime et je veux passer ma vie auprès de lui, c’est un homme bon et gentil.

Mais comme tout humain, lui et moi avons des défauts, normal.

Malgré nos défauts, nous nous aimons et tenons l’un à l’autre.

Je pense que je tiens à toi plus que tu ne le penses.

Tu es le père de mes enfants, mon frère, mon meilleur ami, mon voisin le plus proche,  tu es mon âme sœur, je tiens vraiment à toi et à tout ce qui nous lie.

J’avoue que parfois, ce n’est pas facile, mais je tiens vraiment à tout ce que nous avons construit ensemble, bientôt, nous fêterons notre 13e année de vie d’amour.

Nous ferons un bilan , je te demande un peu de patience pour certaines difficultés, je sais qu’à deux, nous sommes meilleurs.

Ne lâche pas ma main que tu as prise il y a 12 ans, je tiendrai aussi la tienne jusqu’au bout du tunnel.


Divira Sakadi, la beauté tchadienne à pied d’œuvre pour lutter contre la mortalité maternelle

ph. Brya
ph. Brya

Sensibiliser contre les grossesses trop précoces, trop nombreuses, trop rapprochées et trop tardives, c’est le défi que se donne Miss Tchad 2014. Pour réussir, Divira Sakadi a besoin de la contribution de tous les acteurs comme elle me l’a confié lors de notre rencontre.

Au Tchad, le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde. Pour 100 00o naissances, on compte 1200 décès de femmes selon les derniers chiffres du Ministère de la Santé. Le Tchad a adhéré depuis 2009 à la campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (Carmma). Mais beaucoup d’efforts restent à fournir surtout en matière de sensibilisation.

Aujourd’hui, Miss Tchad se donne pour mission de sensibiliser et d’informer les populations. Pour elle, il faut dire non aux grossesses trop tôt, trop tard, trop rapprochées et trop nombreuses.

Elle mesure 1, 70m certes, mais son regard est radieux et son sourire plein de vie, voilà comment Divira Sakadi, l’étudiante de vingt ans en 2e année de droit à la faculté de Ndjamena et candidate de la région du Mayo Kebbi Esta a arraché le trophée face à ses rivales.

Toujours fidèle à ses habitudes comme celle d’aller à la messe le dimanche, la nouvelle beauté tchadienne a remercié Dieu pour lui avoir permis de remporter la couronne dont elle sera garante pendant tout son mandat. « J’ai toujours été intéressée par l’élection de Miss Tchad », confie-t-elle d’entrée de jeux.  Elle poursuit : « Je suivais de bout en bout les éditions passées à la télé et je me rapprochais des anciennes Miss pour savoir comment elles s’y sont prises et avoir des conseils utiles ».

Il faut reconnaître que Divira est pleine d’assurance, ce qui lui a permis d’arriver au bout de son rêve. « Mes atouts majeurs étaient la confiance et le travail. Je me suis d’abord donnée au travail et j’avais confiance en moi. J’ai pris en compte les conseils  dit-elle avec joie. Puis, d’un air sérieux, elle exprime la nécessité d’être accompagnée pour la réalisation de son projet. « J’aimerais vraiment réaliser mes projets pendant les douze prochains mois. Je voudrais mener une large sensibilisation pour la lutte contre les grossesses à risque. Pour y arriver, j’aurai besoin du concours de toutes les ONG et organisations œuvrant pour le bien-être de la femme et de l’enfant et Airtel qui est notre partenaire officiel. Je m’attèlerai à la sensibilisation et à l’information pour l’espacement des naissances et l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant », affirme Miss Divira avant de lancer ce message aux jeunes : « Je conseille aux filles de faire très attention pour éviter les 4 trop. Et aux garçons, je demande à ne pas se jeter dans l’alcool et la drogue. Ils doivent tous suivre leur scolarité, car l’école est la clé du développement. »

Pour mettre en œuvre son projet de sensibilisation, la nouvelle beauté nationale bénéficie d’une subvention de 14 millions offerte par Airtel Tchad, une compagnie de téléphonie mobile, partenaire officiel de l’élection Miss Tchad 2014.


Tchad : quelle place pour la jeunesse dans la politique gouvernementale

 

Alors que l’emploi constitue un indicateur de développement et un puissant levier de croissance sous d’autres cieux, au Tchad, il semble être un sujet sans grand intérêt. Les réponses actuelles, des gouvernements successifs semblent incohérentes et mal orientées. Certes, des infrastructures ont été créées, des usines aux pieds d’argile construites. Cependant, les jeunes notamment les diplômés sont toujours confrontés au chômage.

photo. DR
photo. DR

 

Dans le domaine public,  la politique actuelle de recrutement à la fonction politique [mafieuse et clanique] ne pourrait être une réponse suffisante à l’emploi des jeunes. Les jeunes qui achèvent leurs études ont-ils d’autres choix que le chômage, le désœuvrement…? Il est d’ailleurs illusoire de penser que ceux qui auraient réussi à placer leur progéniture dans les cafouillages actuels, arrivent à  garantir un avenir à leurs enfants.

La désillusion des jeunes après de longues études

Après avoir trimé pendant des années sur les bancs des écoles,  les jeunes Tchadiens entrent nantis de leurs diplômes et fiers de servir leurs pays. Mais cela, sans savoir que la recherche du travail est une autre école. Souvent, ces jeunes essuient des insultes ou sont éconduits simplement aux portes des bureaux. Cette situation les amène à se demander si ce pays a besoin d’intellectuels ? Surtout, quand dans l’administration, l’incompétence, la médiocrité, voire la nullité de certains chefs de service sont notoires, mais sont érigées en valeurs. ‘’Les jeunes ont besoin de travail et d’espoir, mais ils n’ont ni l’un ni l’autre’’ a déclaré le pape François lors d’une interview au Journal La Republica. Il faut donc avoir un travail si l’on veut évoluer et s’épanouir dans la vie.

Impact du désœuvrement des jeunes sur les structures socioéconomiques

Le désœuvrement des jeunes a un prix sur les structures socioéconomiques. La crise transforme les dynamiques familiales, avec d’un côté des parents qui se retrouvent à aider leurs enfants une fois qu’ils ont atteint l’âge adulte, et d’un autre côté les jeunes chômeurs qui retardent le moment de fonder leur propre famille. On en arrive sur le plan sociologique à une crise de la natalité et une crise de l’institution du mariage et au plan économique à un abaissement du taux de croissance par habitant. Par-dessus tout, cela attaque le moral des jeunes, à qui l’on a souvent ressassé que l’éducation était le passe-droit pour une vie meilleure, et qui finalement se rendent compte que leurs diplômes ne sont pas un antidote contre le chômage.


Les violences contre les communautés musulmanes et chrétiennes dans le nord de la RCA ont fait des centaines de morts

Des milices chrétiennes, réagissant à des exactions généralisées commises par des groupes armés musulmans ont commis des atrocités contre des communautés musulmanes dans le nord de la République centrafricaine, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Les pays qui se préoccupent de la situation devraient immédiatement renforcer la mission de maintien de la paix de l’Union africaine déployée dans le pays et soutenir les efforts de la France pour protéger les civils, a ajouté Human Rights Watch.

Ce rapport de 36 pages, intitulé « ‘Ils sont venus pour tuer’ : escalade des atrocités en République centrafricaine » et fondé sur les résultats de plusieurs semaines de recherches sur le terrain dans la province d’Ouham. Il note une poussée de violence de la part des milices chrétiennes anti-balaka (« anti-machette ») depuis septembre 2013. Les anti-balaka ont tué plusieurs centaines de musulmans, incendié leurs habitations et volé leur bétail. Et les forces dites ex-Seleka, anciennement membres d’une alliance de groupes rebelles à majorité musulmane qui a renversé le gouvernement en mars, a commis en représailles des crimes contre des chrétiens, apparemment avec l’aval de leurs commandants.

« Les atrocités commises en République centrafricaine créent un cycle de meurtres et de représailles qui menace de dégénérer en une spirale de violence impossible à maîtriser », a déclaré Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences à Human Rights Watch et auteur du rapport. « Le Conseil de sécurité des Nations unies doit agir rapidement pour mettre fin à cette situation catastrophique. »

Les milices anti-balaka, composées de groupes locaux d’auto-défense et de soldats restés fidèles au précédent gouvernement, se sont livrées à des attaques coordonnées en septembre contre des communautés musulmanes et des bastions des ex-Seleka près de Bossangoa, la capitale de la province d’Ouham. Bien que les anti-balaka se définissent comme des forces d’autodéfense cherchant seulement à protéger leurs villages, leurs actes et leurs paroles sont souvent violemment anti-musulmans.

De nombreuses attaques commises par les anti-balaka ont été d’une brutalité choquante : une bergère nomade musulmane a dit à Human Rights Watch qu’elle avait été forcée de regarder alors que des combattants anti-balaka égorgeaient son fils de trois ans, deux garçons âgés de 10 et 14 ans et un adulte membre de sa famille – c’est-à-dire tous les musulmans de sexe masculin du camp de nomades. Un homme a décrit en sanglotant comment il avait échappé à des assaillants anti-balaka mais avait dû assister, de sa cachette, à une scène d’horreur, les attaquants égorgeant ses deux femmes, ses 10 enfants et un petit-enfant, ainsi que d’autres musulmans qu’ils avaient capturés.

Une femme musulmane a raconté à Human Rights Watch qu’elle était en train de cuisiner dehors, vers 5 heures du matin, lorsque des anti-balaka sont arrivés et ont attaqué sa maison : « Ils ont commencé par lacérer mon mari avec leurs machettes, au flanc et au dos, puis ils l’ont égorgé. Après l’avoir tué, ils ont mis le feu à notre maison et ont jeté son corps dans les flammes, avec celui de mon fils. Ils ont ordonné à mon fils de 13 ans de sortir et de s’allonger par terre, ils l’ont coupé deux fois avec une machette et ils l’ont tué. »

À la suite de ces attaques des anti-balaka, les forces ex-Seleka de la province d’Ouham se sont repliées sur Bossangoa, où elles se sont livrées à des représailles sur les résidents chrétiens, tuant nombre d’entre eux et incendiant leurs maisons. Elles ont également attaqué des fermiers chrétiens qui travaillaient dans leurs champs.

Les massacres de représailles commis par les ex-Seleka semblent avoir eu l’aval de leurs commandants de haut rang à Bossangoa, a souligné Human Rights Watch. Le 18 novembre, le commandant adjoint à Bossangoa, le colonel Saleh Zabadi, en présence de son supérieur et d’une dizaine d’officiers, a ordonné la noyade de sept fermiers qui étaient accusés à tort d’être membres des milices anti-balaka. Les sept hommes ont été ligotés et jetés dans la rivière Ouham; trois seulement ont survécu.

De graves violations des droits humains continuent d’être commises dans le nord du pays ainsi qu’à Bangui, a déclaré Human Rights Watch. Le 5 décembre, les forces anti-balaka ont abattu ou égorgé au moins 11 civils musulmans dans le quartier de Boro à Bossangoa, lors de leur brève prise de contrôle de la ville. Une offensive anti-balaka à Bangui et les violences qui en ont résulté ont fait entre 400 et 500 morts parmi les communautés musulmanes et chrétiennes. Cependant tous ces meurtres récents ne représentent qu’une fraction des graves exactions commises contre les civils depuis la prise du pouvoir par la Seleka en mars dernier.

Des soldats français déployés dans le cadre d’une opération de maintien de la paix dans le pays ont effectué des opérations à Bangui et à Bossangoa pour tenter de mettre fin aux massacres, y compris en désarmant les combattants des deux camps.

Les récentes violences dans le nord du pays ont créé une crise humanitaire, a souligné Human Rights Watch. Les combattants des deux côtés ont incendié de vastes zones rurales dans la province d’Ouham. Environ 40 000 chrétiens déplacés ont cherché refuge à l’église de Bossangoa et aux alentours, tandis que 4 000 musulmans se trouvent toujours de l’autre côté de la ville. Les travailleurs humanitaires ont des difficultés à apporter de l’aide, en particulier des secours médicaux d’urgence, cars ils ont également fait l’objet d’attaques.

Le Conseil de sécurité devrait immédiatement autoriser une mission de maintien de la paix de l’ONU selon le chapitre VII de la Charte des Nations unies, a affirmé Human Rights Watch. Cette mission devrait disposer d’un mandat fort et des moyens nécessaires à la protection des civils, à la promotion des droits humains et à la création d’un environnement favorable à la fourniture d’aide humanitaire.

« L’apport d’urgence d’un soutien aux efforts de maintien de la paix en République centrafricaine est essentiel pour stabiliser une situation qui est actuellement très tendue, protéger la population des exactions et faire en sorte que l’aide humanitaire parvienne aux personnes les plus exposées », a conclu Peter Bouckaert. « Le risque de nouvelles violences généralisées est extrêmement élevé. »

Amnesty International diffusera une note d’information au sujet des atrocités commises à Bangui, capitale de la République centrafricaine, le 19 décembre 2013, avant de publier un rapport plus détaillé en 2014.

Le rapport « ‘Ils sont venus pour tuer’: Escalade des atrocités en République centrafricaine » (mis à jour pour inclure des éléments multimédia) peut être consulté en suivant le lien

ph.dr
ph.dr

https://hrw.org/node/121550


Au Tchad les femmes rurales travaillent plus que les hommes, mais sont toujours vulnérables

Sur les 11 millions dhabitants qui peuplent le Tchad, 4 489 985 sont des femmes rurales. Au quotidien, les femmes rurales sont les piliers de la production agricole et de la sécurité alimentaire. Pourtant elles subissent de nombreuses inégalités, et leur voix n’est que trop rarement entendue. Tel est le résultat d’une étude de Oxfam en collaboration avec les associations féminines du Tchad.

Au Tchad, comme dans les autres pays du continent, les femmes rurales, qui constituent environ 40 % de la population totale, travaillent plus que les hommes ruraux. Elles effectuent un nombre plus important de travaux productifs sur l’ensemble d’une filière, ce qui allonge leur temps de travail. Généralement, le rôle des hommes est de labourer les terres, tandis que les femmes effectuent le reste du travail : au niveau de la production (semis, repiquage, récolte, le maraîchage, etc.), mais aussi au niveau de la transformation (tri, vannage, décorticage, pilage, etc.).

« Nous les femmes rurales tchadiennes, nous passons beaucoup plus de temps à travailler que les hommes. Nous travaillons au champ, et en plus nous nous occupons toutes seules de la maison et des enfants (préparer les repas, puiser de l’eau, ramasser du bois, faire le ménage, laver les enfants, etc.) », explique Hélène, une femme rurale de la région du Logone oriental.

Ces femmes dédient 63 heures en moyenne par semaine aux travaux domestiques. « Certaines femmes travaillent deux fois plus, car en plus d’aider à cultiver le champ de leur mari, elles ont aussi leur propre parcelle à cultiver. Etre propriétaire c’est normalement un facteur d’autonomisation pour permettre de ne plus dépendre des hommes pour la nourriture et les besoins de base du foyer. Mais en réalité c’est épuisant ! En période de récolte, certaines sont obligées d’amener leurs enfants au champ, et parfois de passer plus d’une semaine à travailler sans rentrer à la maison.

L’homme rural tchadien travaille moins

L’homme rural tchadien a une vie beaucoup moins pénible: il cultive son champ avec l’aide de sa femme, et ensuite il peut se distraire et se reposer comme il le souhaite. Dans nos traditions, les hommes ne participent pas aux tâches domestiques. Chaque matin des millions de femmes rurales tchadiennes se lèvent pour accomplir toutes seules un travail immense et pénible. Que cela soit au niveau agricole ou domestique, la femme rurale travaille plus que n’importe qui au Tchad. Et pourtant chaque soir elle se couche épuisée sans aucune reconnaissance. Il est urgent que cela change.

La femme rurale plus exposée lors d’une crise alimentaire

Avec son climat sahélien, le Tchad est régulièrement affecté par des crises alimentaires liées aux inondations ou à la sécheresse. La dernière crise alimentaire de 2012 a touché 3,6 millions de Tchadiens. Les femmes sont particulièrement vulnérables aux crises alimentaires. « Très souvent, la femme rurale est obligée de sacrifier sa propre alimentation pour pouvoir nourrir sa famille, et cela même si elle est enceinte ou allaitante, y compris en période de crise. D’ailleurs dans de nombreuses communautés du Tchad, la culture exige que l’homme soit le premier servi, avant les enfants, et avant la femme. Il est difficile pour nous femmes rurales d’échapper au poids de ces traditions, car même en cas de crise alimentaire servir le repas aux enfants avant le mari , c’est prendre le risque de créer un scandale dans la famille et le village, et surtout de voir son mari prendre une autre épouse», dit Zenaba

Difficile accès à la propriété foncière

Bien qu’aucune statistique spécifique n’existe concernant les femmes rurales tchadiennes, les chiffres au niveau international démontrent que les femmes ont généralement un accès très limité à la propriété foncière et au crédit. Dans le monde elles ne représentent que 20 % des propriétaires fonciers, et en Afrique subsaharienne, elles détiennent moins de 10 % du crédit destiné aux petits exploitants agricoles. La capacité d’accéder à la propriété pour les femmes rurales est souvent limitée par leurs faibles revenus : leurs lourdes responsabilités familiales et domestiques leur laissent très peu de temps à consacrer à des activités génératrices de revenus ; et ce sont généralement les hommes qui sont chargés des activités les plus lucratives. Le faible accès au crédit constitue également un des facteurs qui limite l’accès à la propriété pour les femmes rurales. Il a également pour conséquence de limiter leur accès aux moyens de production (engrais intrants semences outils, etc.) En outre, dans certaines communautés du Tchad, les croyances traditionnelles persistent, et empêchent la femme de pouvoir hériter de la terre. « Nous les femmes rurales tchadiennes nous avons peu accès à la terre et au crédit. Dans ces conditions, il est difficile pour une femme rurale tchadienne de devenir propriétaire. J’ai entendu dire qu’au sud du pays, il y a même un adage traditionnel qui dit que « La femme est une feuille morte que le vent peut emporter. En dautres termes, on ne doit pas donner de la terre à une femme, car elle pourrait se marier et partir », confie Haoua.

une cultivatrice du Guéra(photo OXFAM)
Une cultivatrice du Guéra
(photo Oxfam)

« Parfois quand certaines femmes arrivent à s’acheter un petit terrain de quelques hectares, les maris profitent de l’absence de leur femme pour aller voir le chef de canton et faire inscrire leur nom sur l’acte de propriété. C’est du vol ! D’autant plus qu’avec nos faibles revenus que nous consacrons à nourrir la famille, il nous est difficile de pouvoir réunir assez d’argent pour acheter une terre », poursuit-elle.

« Après la mort de leur mari, les femmes rurales veuves sont parfois chassées de la concession par leurs propres fils ou ceux de la coépouse de leur défunt mari, qui veulent récupérer la propriété pour leur usage exclusif. Ce sont des situations très difficiles qui font que ces pauvres femmes n’ont même plus un endroit où dormir », affirme Arramla Oumar du Guéra.


Mandela, que ton Esprit visite la RCA

Je commence à avoir de plus en plus peur quand je vois tout ce qui se passe en RCA. Les hommes ont-ils perdu la raison dans ce pays ? L’homme a-t-il perdu son humanisme au pays de David Dacko?

Il faut que cela cesse. Arrêtez de souiller la terre du sang des innocents, arrêtez de faire gémir les mères qui voient leurs enfants baigner dans leur sang, arrêtez de créer la fin du monde dans cette contrée d’Afrique. la RCA est un pays d’abondance. Un pays gracié d’une forêt riche, un pays dans lequel le lait et le miel devraient y abonder.

Mandela, vient visiter la RCA car rien de mieux ne va

Mandela, tu as le charisme de mieux faire.  D’ailleurs tu es meilleur qu’une armée des Nations Unies. Tu es meilleur que toutes les armées réunies. tes paroles sont milles fois plus puissantes que les armes lourdes.

S’il faut être chrétien catholique pour être canoniser et sanctifier, je préfère faire de toi un prêtre in posthume. Ainsi, tu pourra devenir un Saint et je mettrai l’Afrique sous ta protection. Mais le temps presse et je ne veux pas attendre que tu devienne saint avant d’aller visiter la RCA.  je suis sûr que les centrafricains, si on leur demandait de te donner un message pour Dieu, ils te chargeraient de demander la paix pour leur pays.

Je sais que toi, tu trouveras la meilleur façon de résoudre la question de la violence en RCA. Je sais que tu diras à Djotodia que ce n’est pas de cette façon qu’on peut-être un bon leader.

Mandela, le peuple centrafricain donnera tout pour t’avoir comme guide et les autres pays de l’Afrique aussi.

Mais, moi, je sais que même mort, tu pourras aider les centrafricains. Ils sont vraiment sans repère.

Regarde ces enfants qui ne savent rien, qui ne peuvent rien mais qui subissent quand même. Regarde ces femmes qui n’ont même plus la force de pleurer.

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photo DR

Mandela, regarde les hommes qui voient impuissamment leur famille se faire massacrer. Mandela, aujourd’hui plus que jamais tu peux parler aux dirigeants africains.

Aujourd’hui, mieux qu’hier, tu peux prouver qu’être un bon chef d’Etat, c’st différent de ce qui se passe dans nos différents pays d’Afrique.

Mandela, vient visiter les chefs d’Etats d’Afrique et parle leur de l’immensité de ton amour pour ton peuple, pour l’Afrique et pour l’humanité.


Le gouvernement tchadien que dirigeait Hissène Habré fut responsable de nombreux assassinats politiques, de l’usage systématique de la torture, de milliers d’arrestations arbitraires et de la persécution ciblée visant certains groupes ethniques, a déclaré Human Rights Watch dans une nouvelle étude publiée aujourd’hui.

Cet ouvrage de 714 pages, intitulé La Plaine des Morts, se base sur treize années de recherches pour démontrer que Habré était personnellement impliqué dans les abus perpétrés lorsqu’il était au pouvoir de 1982 à 1990, essentiellement par le biais du contrôle étroit qu’il exerçait sur sa redoutée police politique, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS). La publication de cet ouvrage a lieu cinq mois après qu’un tribunal spécial au Sénégal, où Habré vit en exil, l’a inculpé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture. Ce tribunal mène actuellement sa phase d’instruction, et les juges d’instruction effectuent en ce moment leur deuxième commission rogatoire au Tchad.

« Habré n’était pas un dirigeant distant qui ignorait tout des atrocités massives perpétrées en son nom », a affirmé Olivier Bercault, le principal auteur de cet ouvrage. « Nous avons constaté que Habré dirigeait et contrôlait les forces de police qui torturaient ceux qui s’opposaient à lui et ceux qui appartenaient simplement au ‘mauvais’ groupe ethnique. »

Cette étude se fonde sur une analyse statistique détaillée de milliers de documents de la DDS récupérés par Human Rights Watch, ainsi que sur plus de 300 entretiens avec des victimes, des témoins et d’anciens responsables de la DDS menés par Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH). L’ouvrage ne se prononce pas sur la responsabilité pénale de Hissène Habré, dont la culpabilité ou l’innocence sera établie par les Chambres africaines extraordinaires instaurées à Dakar.

Selon des documents cités dans cette étude, Habré a créé la DDS par un décret ordonnant que cette dernière soit « directement subordonnée à la Présidence de la République ». Les quatre directeurs successifs de cette police politique, dont un neveu de Habré, ont tous fait partie de l’entourage du Président. Dans une note de la DDS retrouvée par Human Rights Watch, son directeur affirme fièrement que « grâce à sa toile d’araignée tissée sur toute l’étendue du territoire national, [la DDS] veille particulièrement à la sécurité de l’État ». Ce service constituait même « l’œil et l’oreille du président de la République » de qui elle dépendait et à qui elle rendait compte de ses activités.

Une analyse des documents de la DDS effectuée par l’organisation Human Rights Data Analysis Group a identifié 12 321 victimes d’abus, dont 1 208 ont été tuées ou sont mortes en détention. De ces documents, il ressort également que 1 265 communications directes de la DDS concernant la situation de 898 détenus ont été envoyées à Habré personnellement.

Le 8 février 2013, les Chambres africaines extraordinaires ont été inaugurées dans la capitale du Sénégal, Dakar. Composées de juges sénégalais et de juges ressortissants de pays membres de l’Union africaine (UA), ces Chambres sont chargées de poursuivre « le ou les principaux responsables » de crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990. Le 2 juillet, les juges d’instruction des Chambres ont inculpé Habré de crimes contre l’humanité, crimes de torture et crimes de guerre, et l’ont placé en détention provisoire. Le procureur a aussi identifié cinq autres suspects, soupçonnés de complicité avec Habré. Deux d’entre eux sont actuellement détenus au Tchad et pourraient être transférés aux Chambres africaines. Les trois autres sont toujours recherchés.

Parmi les principales constatations de cette étude figurent les suivantes :

Les abus ont débuté dès l’arrivée de Habré au pouvoir, lorsqu’il envoya ses forces armées dans le sud du pays pour prendre le contrôle de cette région, dont les leaders s’opposaient au régime. Durant cette vague de répression, qui a atteint son paroxysme lors du mois de « septembre noir » en 1984, des villages ont été pillés, incendiés et détruits par ses forces. Les élites du Sud étaient systématiquement arrêtées et exécutées.

La DDS a maintenu un réseau de prisons, dont la plus symbolique était « La Piscine ». Située à N’Djaména, la capitale du Tchad, cette ancienne piscine de l’époque coloniale avait été recouverte d’une chape de béton et divisée en cellules. Les détenus y mouraient de malnutrition et des maladies dues à la surpopulation carcérale, en particulier sous la chaleur écrasante de l’été. Les geôliers attendaient parfois que plusieurs détenus décèdent avant de retirer les corps.

L’appartenance à un groupe ethnique dont les leaders étaient perçus comme une menace à l’autorité de Habré constituait souvent un motif d’arrestation suffisant pour la torture, l’exécution ou la « disparition » forcée. En 1987, Habré a créé une commission chargée de superviser la répression de la communauté Hadjaraï. Des villages hadjaraï ont été incendiés, et des centaines de personnes ont été détenues et tuées. En 1989, après que les alliés zaghawas de Habré dont faisait partie l’actuel président tchadien Idriss Déby ont tenté de renverser son gouvernement, Habré a créé une commission similaire chargée de réprimer les Zaghawa. Une vague d’arrestations sévit dans plus de quarante localités, et des centaines de Zaghawa furent tués.

En août 1990, Habré a ordonné l’arrestation d’anciens officiels du gouvernement accusés d’avoir secrètement distribué des tracts contre le régime, et a suivi de près leur détention dans des conditions inhumaines, leur torture et, pour certains d’entre eux, leur décès en prison. Dans certains cas, Habré suivait même les interrogatoires de ces opposants par talkie-walkie.

 

ph. DR
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« Hissène Habré était tenu informé des abus qui étaient commis, même lorsqu’il ne les avait pas ordonnés directement », a déclaré Olivier Bercault. « D’après nos recherches, les agents de Habré responsables des pires atrocités n’ont jamais été jugés à l’époque des faits  et plusieurs d’entre eux ont même été promus. »
D’autres groupes ont collaboré à cette étude, dont l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH) et l’Association pour les Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH).